Témoignage

Existe-t-il un plus bel hommage à Marcelle Procus que les paroles spontanées d'un de ses petits patients, aujourd'hui adultes ?

« Un coeur d'or déguisé aux allures de grand-mère sévère, traumatisante comme une naissance. M'dame Hocus Pocus Procus faisait du bon boulot. Eh oui, le chemin des illuminés est impénétrable. Elle semblait inatteignable, encerclée par la fumée de sa cigarette, le regard vif, scrutant les enfants et non moins leurs parents. D'emblée, j'ai su qu'elle faisait autre chose que ce qu'il y paraissait à première vue. Femme de terrain, elle éduquait les parents, en les prenant symboliquement sur ses genoux, en leur expliquant comment saluer une dame respectable.

« Petit garçon, j'en ai vu plus d'un quitter les étangs d'Ixelles, les épaules affaissées et les bras ballants, pour une petite remarque faite par notre Déesse, sourire au coin. Avec un bon sens jardinier, elle accompagnait d'une parole percutante le parent vers la sortie : un salut chaleureux, une remarque sur la ponctualité, de toute façon un commentaire qui mettait l'enfant à sa place d'enfant. Ainsi un jour, tout en scrutant les ongles d'un père, car ils étaient plus sales que ceux du moutard déposé, je l'entendis dire :

"Pour apprendre une chose à un enfant. Monsieur, il faut commencer par nettoyer devant sa propre porte". Qui a-t-elle guéri ce jour-là, je vous le demande ?

« Elle était assise dans un grand fauteuil et nous disait de faire le crocodile. Même si elle nous inspirait une légère frousse, du respect et de la confiance, on sentait son amour pour nous, pour ce qu'on était vraiment - on était là pour ça, découvrir qui on était vraiment ou pour se construire - , amour qu'il nous fallait sans cesse mériter. Il y avait toujours de bons moments, par exemple les massages.

« Il existe quantité de façons de soigner les enfants et ce n'est souvent que longtemps après qu'on en mesure les résultats. Madame Procus n'abîmait pas les enfants, et n'est-ce pas le plus important dans une thérapie ? Ensuite, c'est au client à faire des progrès et avec elle c'était dur à éviter.

« Si je pouvais choisir une devise, j'opterais pour : "Plus têtue que le trouble !" « Merci Madame Procus.